Nicolas Pesquès est né le 2 Juillet 1946. Il commence à écrire en mai 1971. Le poème La face nord de Juliau débute en 1980 ; il compte, en 2021, dix-huit livres publiés (en 10 volumes), les dix premiers chez André Dimanche éditeur, les suivants chez Flammarion.
À l’origine, il s’agit d’une tentative de transposition : appliquer à l’écriture d’une colline ardéchoise l’insistance et l’assiduité de Cézanne sur son motif. Exprimer, d’un pas tantôt descriptif, tantôt narratif, tantôt spéculatif, le vif et l’intégralité du paysage. Mais dire une colline, compte tenu des phrases qui la façonnent et du corps qui les éprouve, c’est entrer dans la nuit de la langue.
Le projet est devenu une aventure. Il a absorbé son questionnement, déplacé les éclairages. Il est happé et repoussé par cette relation qui interroge « la nature des choses » via l’articulation d’un langage. L’aventure est inachevable. En temps que poème, il est imprévisible. C’est du cœur de cette ignorance et de cette cécité qu’il travaille.
Il arpente souvent les terres de la couleur ; il y traque l’autonomie des mots, l’écart entre le vu et le lu, l’appel du hors-langue. La soumission au dehors, la désertion de l’identité – l’abandon de l’âme et la réduction à minima des « problèmes personnels » – plus l’attrait des champs expérimentaux, du franchissement des temps et des espaces spécifiques : tout ne cesse d’interroger l’événement de l’expression, d’explorer ce qu’écrire est capable de réaliser.
La pratique du dessaisissement (saisir avec des mots, le tact à distance, le touché-rompu) ; la pensée embarquée dans la même physique que l’écriture… ainsi les livres avancent-ils, astreints à la séparation et au désir, plongés dans la précision des flux, vers le pluriel de la colline, le multiple de tout monde.
Après 1995 et Trois Poèmes (Edition du Limon) le traitement de la phrase et le travail du vers ne se distinguent plus ; les livres de poésie précédents peuvent être considérés comme des excroissances, des poussées respiratoires hors du tronc central.
Parallèlement, la fréquentation de la peinture accompagne et nourrit l’ensemble du travail. Nicolas Pesquès est également l’auteur d’essais sur l’art et de textes dédiés à l’œuvre de certains artistes : Gilles Aillaud, Anne Deguelle, Pierre Buraglio, Jan Voss, Aurelie Nemours, Shirley Jaffe, Paul Wallach, Claude Garache etc. La plupart de ces textes ont été réunis en 2017 dans Sans Peinture à L’Atelier Contemporain. Il est aussi l’auteur d’études sur la poésie de Jacques Dupin.